dimanche 10 juin 2007

We feed the world - Le marché de la faim (1/2)

Un documentaire à ne pas manquer :

« Chaque jour à Vienne, la quantité de pain inutilisée, et vouée à la destruction, pourrait nourrir la seconde plus grande ville d'Autriche, Graz… Environ 350.000 hectares de terres agricoles, essentiellement en Amérique latine, sont employés à la culture du soja destiné à la nourriture du cheptel des pays européens alors que près d'un quart de la population de ces pays souffre de malnutrition chronique. Chaque Européen consomme annuellement 10 kilogrammes de légumes verts, irrigués artificiellement dans le Sud de l'Espagne, et dont la culture provoque localement des pénuries d'eau. »


Dans son livre « l'empire de la honte » (Fayard, 2005) Jean Ziegler (Rapporteur spécial de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU pour le droit à l’alimentation ) parle d'une cosmocratie incarnée par 500 sociétés qui contôlent 52 % de la richesse du monde (chiffres de 2005) et de Nestlé en particulier, société qui est le prototype même de la société qui ne pense qu'à l'argent sans jamais penser à la redistribution.

Nous sommes ici en plein dans le sujet de ce documentaire dénonciateur : comment la dette et la faim servent aux cosmocrates à tenir (gouverner) le monde.


Les 3 interwiewés principaux du documentaire :


Jean Ziegler

« 842 millions de gens souffraient l'année dernière de malnutrition chronique aggravée. Chaque jour, cent mille personnes meurent de faim. Alors que l'agriculture mondiale peut à l'heure actuelle nourrir sans problème 12 milliards d’individus. Autrement dit, chaque enfant qui aujourd'hui meurt de faim est, en fait, assassiné. » Jean Ziegler

« La maximisation des profits est la stratégie meurtrière des hiérachies des multinationales. « Jean Ziegler


Peter Brabeck, PDG de Nestlé la plus importante multinationale agro-alimentaire mondiale.



« Dans les années qui viennent 40 % de la population mondiale sera confrontée à une grave pénurie d'eau due à la fonte des glaciers. » Al Gore dans une vérité qui dérange


Voici ce que répond Peter Brabeck dans le documentaire :


Il ose qualifier «d’extrême» la position défendue par les ONG et de nombreux gouvernements qui revendiquent l’accès à l’eau potable comme un droit inaliénable exempt de toute logique commerciale. « Ll'eau est une denrée alimentaire et comme toute denrée elle a une valeur marchande ».


Voilà sa solution pour résoudre les problèmes d'approvisionnement en eau ! Normal, Nestlé est le premier producteur d'eau ! Vous nous ferez payer de l'air pollué en bouteille après, monsieur Brabeck ?


La planète va mal ? Au contraire, dit-il. « On n'a jamais eu une vie aussi facile, autant d'argent, une meilleur santé. »

Nous ne voulons pas de cette vie artificielle que vous essayez de nous vendre! Moi autour de moi je ne vois que complications orchestrées et lénifiantes, consommations inutiles et somatisation.


Je ne me rappelle plus de tout ce qu'il a dit d'autre mais je me souviens très bien que c'était consternant. C'est lui qui clôt le documentaire. Ça laisse une impression de malaise, une envie folle que les gens comprennent ce qu'il dit vraiment derrière son discours bien ficelé. Ah si ! Il « déplore que malgré toutes nos richesses nous éprouvions encore… du vague à l’âme. »


extrait de l'entretien avec le réalisateur Erwin Wagenhofer sur le site du documentaire (rubrique entretien) « Peter Brabeck m'a d'abord dit « non » car il pensait que Nestlé n'était pas concerné par le sujet du film. [...] L'entretien a été programmé en novembre 2004 et a duré une heure et demie. Il est évident que monsieur Brabeck a suivi d'innombrables séminaires et est nourri d'une rhétorique qui lui permet de formater d'une manière impeccable le message qu'il veut délivrer. J'ai fait le pari qu'à un moment ou à un autre, s'il parlait suffisamment longtemps, il se retrouverait en situation de dire des choses inhabituelles. Et mon pari a réussi. Je suis certain que Peter Brabeck s'il voit un jour le film, n'aura rien à nous reprocher concernant la manière dont nous avons montré et monté ses propos. Il voit le marché ainsi et il représente cette manière de voir le monde. Il est l'un des aspects du problème. »


Peter Brabeck est en accord avec lui-même au moins. Mais que dire de Karl Otrok



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