lundi 11 juin 2007

La vielle dame au restaurant

Le récit d'un partage :

Une vieille dame s'arrête un soir sur un restaurant d'autoroute.
Elle va au self et prend une soupe chaude, puis va s'asseoir toute seule à une table.
Elle se rend compte qu'elle a oublié de prendre du sel.
Elle se lève, erre un peu dans le restaurant avant d'en trouver, et retourne à sa table.
Mais en revenant, elle y trouve assis un homme, un noir,
qui plonge sa cuillère dans le bol de soupe et la mange lentement.
"Oh ! Il a du culot ce noir ! pense la brave dame.
Je lui apprendrais bien les bonnes manières "
Mais elle s'assied sur le côté de la table,
et charitablement le laisse manger un peu de sa soupe.
Tirant un peu le bol à elle, elle plonge sa cuillère elle aussi,
cherchant à partager au moins cette soupe avec lui.
Le noir retire doucement le bol vers lui, et continue de manger.
La dame se remet à le tirer légèrement vers elle, pour pouvoir y avoir accès.
Et ils finissent la soupe ainsi.
Alors le noir se lève, lui fait signe de patienter,
et revient avec une portion de frites énorme, qu'il partage avec elle, comme la soupe.
Enfin ils se saluent, et la dame part aux toilettes.
Mais quand elle revient, elle veut prendre son sac pour partir,
et découvre qu'il n'est plus au pied de la chaise.
"Ah ! J'aurais bien dû me méfier de ce noir !".
Elle hurle dans tout le restaurant, criant au voleur,
jusqu'à ce que finalement on retrouve son sac,
posé au pied d'une table où repose un bol de soupe refroidie...
son bol auquel personne n'a touché.
C'était elle qui s'était trompée de table et avait partagé le repas de l'homme.


Source : Anonyme


La plus grande difficulté dans ce monde


« La plus grande difficulté dans ce monde ce n'est pas notre capacité à produire mais notre réticence à partager. » Roy Lemon Smith


« Plus on partage, plus on possède. Voilà le miracle. » Léonard Nimoy


« On peut allumer des dizaines de bougies à partir d'une seule sans en abréger la vie. On ne diminue pas le bonheur en le partageant. » Bouddha


« Le partage amplifié jusqu’aux étoiles est le sens même de la relation. » Jacques Salomé


« Nous avons besoin les uns des autres. L'être humain n'est pas fait pour s'isoler, mais pour partager. » Alice Parizeau, Extrait de La charge des sangliers


« Le monde du partage devra remplacer le partage du monde. » Claude Lelouch, Extrait de Itinéraire d'un enfant gâté


dimanche 10 juin 2007

We feed the world - Le marché de la faim (2/2)

Karl Otrok, un des responsables de Pioneer, le leader mondial des ventes de semences.

En parlant à un agriculteur roumain « On avait déjà foutu en l'air l'Europe de l'Ouest et maintenant on va détruire toute votre agriculture. » Karl Otrok


Dans le documentaire on constate que dans la campagne roumaine on trouve encore des paysans qui se déplacent en carrioles à cheval, qui utilisent des chevaux de trait et des faux et qui récoltent des aubergines à la main.Cette agriculture ne fait plus le poids, combien de temps lui reste-t-il à vivre ? Pioneer dont « we feed the world » est justement le slogan, dissémine partout dans le monde des semences hybrides non réutilisables et des OGM


Et Karl Otrok dans tout ça ? Il avoue préférer les aubergines des paysans à celles issues de ses semences, il admire leur manière de travailler. Il dit qu'il fait ce que Pionner lui dit de faire mais il espère que ces agriculteurs pourront résister, leurs légumes ont du goût. « C'est ce qu'il pense. »


Encore un qui n'a pas le courage de ses idées. Pile ou face ? Il faut choisir monsieur Otrok. Ne vous rendez-vous pas compte que vous contribuez vous-même à la destruction de ce que vous aimez ? J'en doute. Allons un peu de courage, quittez pioneer.


Le message que dit vouloir faire passer Erwin Wagenhofer dans son documentaire est :

« Mon message –et c’est ce qui m’a motivé pour faire ce film, même s’il parle de nourriture, tout mon travail va majoritairement dans ce sens- est que nous devons changer notre manière de vivre. Nous ne pouvons pas continuer à vivre ainsi. Nous devons vivre autrement, manger autrement, acheter autrement, voir d’autres films. Ou nous devrions au minimum être insatisfait de ce que nous avons. Voilà le message. Et si NOUS ne le faisons pas, alors qui? C’est pour cette raison que le film s’intitule «NOUS nourrissons le monde», et pas «ILS nourrissent le monde». Ils, les Brabeck, les Pioneers ou quels que soient leurs noms, appartiennent tous à notre société et nous devons accepter cette responsabilité, c’est ce que veut dire ce «NOUS». C’est peut-être trop négatif, mais il y a aussi un message positif: nous pouvons changer cela. Si ce n’est pas nous, alors qui? Nous, comme le dit Jean Ziegler, la société civile. Nous sommes tous des consommateurs, nous allons dans les supermarchés, nous devons manger, chacun de nous, nous devons acheter mais nous pouvons aller ici ou là et décider: voilà notre pouvoir! Nous ne voulons pas de tomates à Noël, nous ne voulons pas de fraises à Noël, nous ne voulons pas de légumes trimballés pendant 3 000 km pour échouer dans nos assiettes. Nous ne voulons pas que nos animaux dévorent la forêt amazonienne au Brésil et en Amérique du sud. Nous, qui d’autre? » La suite de l'interwiew ici :

Pour aller plus loin :

Sur le site du documentaire

On peut lire :
un extrait du livre de JEAN ZIEGLER : l'empire de la honte (Fayard, 2005)

On peut voir :
des extraits de l'émission des mots de minuit sur France 2 où il est invité


Sur le site d'archives (non officiel) de l'émission Là-bas si j'y suis (France Inter) :

On peut écouter :

l'entretien avec Jean Ziegler autour du film "We feed the world" (émission du 18 avril 2007)


We feed the world - Le marché de la faim (1/2)

Un documentaire à ne pas manquer :

« Chaque jour à Vienne, la quantité de pain inutilisée, et vouée à la destruction, pourrait nourrir la seconde plus grande ville d'Autriche, Graz… Environ 350.000 hectares de terres agricoles, essentiellement en Amérique latine, sont employés à la culture du soja destiné à la nourriture du cheptel des pays européens alors que près d'un quart de la population de ces pays souffre de malnutrition chronique. Chaque Européen consomme annuellement 10 kilogrammes de légumes verts, irrigués artificiellement dans le Sud de l'Espagne, et dont la culture provoque localement des pénuries d'eau. »


Dans son livre « l'empire de la honte » (Fayard, 2005) Jean Ziegler (Rapporteur spécial de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU pour le droit à l’alimentation ) parle d'une cosmocratie incarnée par 500 sociétés qui contôlent 52 % de la richesse du monde (chiffres de 2005) et de Nestlé en particulier, société qui est le prototype même de la société qui ne pense qu'à l'argent sans jamais penser à la redistribution.

Nous sommes ici en plein dans le sujet de ce documentaire dénonciateur : comment la dette et la faim servent aux cosmocrates à tenir (gouverner) le monde.


Les 3 interwiewés principaux du documentaire :


Jean Ziegler

« 842 millions de gens souffraient l'année dernière de malnutrition chronique aggravée. Chaque jour, cent mille personnes meurent de faim. Alors que l'agriculture mondiale peut à l'heure actuelle nourrir sans problème 12 milliards d’individus. Autrement dit, chaque enfant qui aujourd'hui meurt de faim est, en fait, assassiné. » Jean Ziegler

« La maximisation des profits est la stratégie meurtrière des hiérachies des multinationales. « Jean Ziegler


Peter Brabeck, PDG de Nestlé la plus importante multinationale agro-alimentaire mondiale.



« Dans les années qui viennent 40 % de la population mondiale sera confrontée à une grave pénurie d'eau due à la fonte des glaciers. » Al Gore dans une vérité qui dérange


Voici ce que répond Peter Brabeck dans le documentaire :


Il ose qualifier «d’extrême» la position défendue par les ONG et de nombreux gouvernements qui revendiquent l’accès à l’eau potable comme un droit inaliénable exempt de toute logique commerciale. « Ll'eau est une denrée alimentaire et comme toute denrée elle a une valeur marchande ».


Voilà sa solution pour résoudre les problèmes d'approvisionnement en eau ! Normal, Nestlé est le premier producteur d'eau ! Vous nous ferez payer de l'air pollué en bouteille après, monsieur Brabeck ?


La planète va mal ? Au contraire, dit-il. « On n'a jamais eu une vie aussi facile, autant d'argent, une meilleur santé. »

Nous ne voulons pas de cette vie artificielle que vous essayez de nous vendre! Moi autour de moi je ne vois que complications orchestrées et lénifiantes, consommations inutiles et somatisation.


Je ne me rappelle plus de tout ce qu'il a dit d'autre mais je me souviens très bien que c'était consternant. C'est lui qui clôt le documentaire. Ça laisse une impression de malaise, une envie folle que les gens comprennent ce qu'il dit vraiment derrière son discours bien ficelé. Ah si ! Il « déplore que malgré toutes nos richesses nous éprouvions encore… du vague à l’âme. »


extrait de l'entretien avec le réalisateur Erwin Wagenhofer sur le site du documentaire (rubrique entretien) « Peter Brabeck m'a d'abord dit « non » car il pensait que Nestlé n'était pas concerné par le sujet du film. [...] L'entretien a été programmé en novembre 2004 et a duré une heure et demie. Il est évident que monsieur Brabeck a suivi d'innombrables séminaires et est nourri d'une rhétorique qui lui permet de formater d'une manière impeccable le message qu'il veut délivrer. J'ai fait le pari qu'à un moment ou à un autre, s'il parlait suffisamment longtemps, il se retrouverait en situation de dire des choses inhabituelles. Et mon pari a réussi. Je suis certain que Peter Brabeck s'il voit un jour le film, n'aura rien à nous reprocher concernant la manière dont nous avons montré et monté ses propos. Il voit le marché ainsi et il représente cette manière de voir le monde. Il est l'un des aspects du problème. »


Peter Brabeck est en accord avec lui-même au moins. Mais que dire de Karl Otrok