lundi 16 juin 2008

La fin du monde tel que nous le connaissons

Deux textes d'Yves Cochet :

La plus grande épreuve qu’ait jamais affrontée l’humanité
(sur http://contreinfo.info/)


Conférence d’Yves Cochet pour le Collectif Parisien pour la Décroissance, Paris, le 22 mai 2008

Extrait :

"Il y a une opposition majeure entre deux modèles, deux visions d’avenir. Les cornucopiens [1] , les espèces d’optimistes béats, qui sont des théologiens de la croissance, qui pensent que la croissance c’est pour toujours, et ceux qui pensent qu’il faut regarder les faits les plus durs, et que ça va décroître.

L’industrie des transports, aujourd’hui c’est plus vite, plus loin, plus souvent, moins cher. On a un droit à la mobilité. C’est un privilège d’ultra riches qui ne se rendent pas compte que plus de la moitié de l’humanité n’a aucun droit à la mobilité. C’est ce que les européens ont mis en œuvre depuis soixante ans.

La décennie 2010-2020, c’est la décennie de tous les dangers. Il va falloir s’habituer à aller moins vite, moins loin, moins souvent. L’énergie sera beaucoup plus chère, qu’on le veuille ou non. [...]

C’est une rupture de civilisation. Il faut apprendre à penser l’impensable. A changer totalement notre mode de vie. Il faut l’anticiper si l’on veut sauvegarder la démocratie, sinon elle en mourra. C’est maintenant qu’il faut faire preuve de la plus grande créativité politique. Il faut avoir une imagination débordante pour changer le monde."


[1] Néologisme bâti sur « cornucopia », corne d’abondance.

La fin du monde tel que nous le connaissons.

(sur http://www.yvescochet.net)

Chronique parue sur le site Actu-Environnement (29 mai 2008)


Extrait :

"Cette situation n’est pas « la fin du pétrole » ou « la fin des énergies fossiles », c’est la fin de l’énergie bon marché et, conséquemment, la fin du monde tel que nous le connaissons, c’est-à-dire, avant quinze ans, la fin de la croissance économique, la fin du capitalisme, la fin de l’Union européenne, la fin de l’aviation commerciale de masse, la fin de la grande distribution…

Les transitions énergétiques des siècles passés - du bois au charbon, du charbon au pétrole - étaient graduelles et adaptatives, le pic de Hubbert sera brusque et révolutionnaire. La fin du pétrole bon marché est la plus grande épreuve qu’ait jamais affrontée l’humanité (c’est LE problème). Afin d’en repousser un peu la date et d’en réduire un peu les effets désastreux, la seule conduite possible est l’apprentissage de la sobriété (c’est LA solution).

C’est-à-dire, politiquement, une perspective d’autosuffisance décentralisée, par la décroissance de la consommation et des échanges de matières et d’énergie, une mobilisation générale de la société autour d’une sorte d’économie de rationnement solidaire et démocratique."